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Je rachète les tiennes. Avec quel argent ? Celui que j’ai gagné et les crédits que m’accorderont les clients. J’ai d’excellents contacts avec les Anglais. Je serai à Londres la semaine prochaine pour les voir. Tu me proposes des vacances, donc. Je prolonge celles que tu prends depuis longtemps. Et si on sortait ? Tu n’es pas fatiguée ? Un peu d’air. J’ai juste besoin d’un peu d’air. Enfiler une jolie robe et sortir avec toi, tous les deux. Et la petite ? Elle est avec ma mère. Et puis ici, tout le monde s’en occupe. Tu veux bien ? Juste le temps de me changer. Tu es parfait. Pardon. Tu n’es pas chez les Blachet ? Je suis partie plus tôt. On allait sortir. On peut y aller un peu plus tard. J’ai un contrat à lire. Allez, viens. C’est toi ? Tu fumes, maintenant ? Seulement en cachette. Ce garçon qui veut t’épouser, il ne faut pas. Si tu ne l’aimes pas, laisse-le. Bien. Plus tard, dans la soirée, Antoine et Marianne sortirent dîner. Marianne avait mis sa robe rouge, la robe de leur re rencontre. Plus tard encore, sur le lit de jeune fille de Marianne, il ôta ses bas, baisa passionnément ses jambes nues. C’étaient les jambes d’Évelyne qu’il voyait. Il comprit à cet instant qu’il ne verrait plus qu’elle. Tu viens de regarder ta montre. Tu ne la quittes même plus. Comment fais-tu pour remarquer ce genre de choses ? Le temps n’existe plus, quand tu es là. C’est comme un rêve. Il n’y a plus d’heure, ni de minute. Il n’y a plus de jour, ni de nuit. Il faut pourtant que tu rentres. Je pense déjà à demain. Je veux te voir, te toucher. Donne-moi une journée, une journée entière, ou toute une nuit. Pas un jour. Trois. « Trois » ? C’est vrai ? Tu viendras à Londres avec moi. Nous marcherons sans nous cacher. Je te tiendrai la main. Nous nous tiendrons la main. Nous dormirons ensemble. C’est donc si beau, dehors ? Qu’est-ce que tu regardes ? Mais non. C’est toi que je regarde. Antoine mesurait avec effroi la force de son attachement pour Évelyne. « Un jour, elle me quittera », pensait-il. « Cette aventure est un épisode dont elle aura honte, dans dix ans. » J’étais folle. Complètement folle. Marianne, il la connaissait. Il pouvait l’imaginer dans dix ans, dans vingt ans. Jamais. Jamais, tu m’entends ? Elle cesserait sans doute de l’aimer, mais jamais elle ne l’abandonnerait. Évelyne rejoignit Antoine au Havre et ils embarquèrent ensemble pour Londres. Jusqu’à présent, ils n’avaient jamais pu parler. Ils n’avaient eu que le temps de faire l’amour. Les trois jours passèrent comme un rêve. C’est l’heure ? Pas encore. J’ai une course à faire. Non. Pas maintenant. Ne me quitte pas. Juste une heure, le temps que tu te reposes. Je n’ai pas sommeil. Reste avec moi. Juste une heure. Une éternité. Non. Il ne faut pas. Si nous nous embrassons, tout recommencera. Il faudra à nouveau se séparer, attendre la prochaine fois, se séparer encore Radio Je ne te quitterai plus. Tu sais bien que c’est impossible. Il est temps que Marianne sache. Tu crois que tu aurais le courage de lui dire ? Non. Je crois que je préférerais ne plus te voir du tout. Je ne te comprends pas. Je viens de passer Radio les moments les plus merveilleux de ma vie. J’ai envie de les garder intacts. J’ai retrouvé une dame que nous avions connue, mes soeurs et moi, quand nous étions petites. Elle habite près du Havre. Je vais rester un peu chez elle. Tu ne rentres pas avec moi ? Le bonheur me fera du bien. Je boirai du thé noir toute la journée, nous parlerons du passé Radio Qui est cette femme ? Miss Stone, une vieille gouvernante. Elle nous enseignait l’anglais et le piano. Je lui ai écrit pour lui dire que je passais. Elle se fait une joie de me revoir. Je t’avais dit que ça marcherait. Marianne n’est pas avec toi ? Je suis là pour mon travail. Je veux m’associer avec un groupe anglais. Bravo. Je suis fier de toi. Elle va bien ? Oui. Et ta fille ? Très bien. Elle va très bien. Évelyne est avec moi. Ne me regarde pas comme ça. Ce n’est pas une aventure. Je l’aime. Jamais je n’aurais cru ça possible. Nous sommes maudits. Qu’est-ce que tu racontes ? Nous avons gâché la vie de celles qui nous ont aimés, et la nôtre, par la même occasion. Nous ne sommes que des hommes. Nos désirs sont plus forts que nous, plus beaux. Tu es sûre ? Laisse-moi au moins t’accompagner. Tu vas rater ton train. Tu as vu Dominique ? Oui. Il te salue, bien sûr. Il va bien ? Je te raconterai. Veux-tu un café ? Non, non. Je vais aller me coucher. Le voyage a été long. Tu n’as rien mangé. Je n’ai pas faim. Tu ne m’as jamais parlé de miss Stone. « Miss Stone » ? Qui a bien pu te parler d’elle ? Un de mes collaborateurs. Elle lui donnait des cours de piano, quand il était gosse. C’est bien possible. Un vrai dragon, cette miss Stone. Quand on a reçu son avis de décès, on a fêté ça, à la maison. Qu’est-ce que tu as ? Antoine ! Qu’est-ce que tu fais ? Je dois passer à l’usine. Tu tiens à peine debout. Je vais très bien. C’est toi qui devrais te reposer. Tu prends ta valise ? Je dois m’absenter quelques jours. Peut-être qu’une journée suffira. Tu vas où, dans cet état ? Je dois récupérer des papiers auprès de mon fondé de pouvoir. Il ne veut pas te les apporter ? Il est coincé à l’hôpital, à Sens. Ne m’en demande pas plus. J’ai appelé chez lui, c’est ce qu’on m’a dit. Tu me tiens au courant ? Oui. Tu es sûr que ça va ? Mais oui. Antoine repartit vers Le Havre, le coeur serré d’angoisse, habité par la certitude qu’il ne reverrait plus Évelyne. Pour la première fois depuis son enfance, il pria. Il marcha tout le jour d’hôtel en hôtel. À la tombée de la nuit, on le conduisit à une pension à l’aspect misérable près du port. Vous êtes sûr ? Elle ne peut pas être venue ici. Nous verrons bien. Pas elle. On ne connaît pas les gens, monsieur. Qu’est-ce que tu fais ? Tu vois bien, je sors. Tu vas où ? Je te l’ai déjà dit. À la soirée des Crémieux. Tu avais dit que tu n’irais pas. Eh bien, j’ai changé d’avis. Ne me laisse pas. Je rentrerai tôt. Reste avec moi. Je ne veux pas rester seul. Qu’est-ce que tu as, à la fin ? Si tu es fatigué, repose-toi. Moi, je veux y aller. Le blanc ne te va pas. Ça ne te gênera pas, puisque tu ne viens pas. Le fantôme