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m’entendre. Pourtant, avant le milieu du carême, je dois voir le Dauphin. J’aimerais mieux rentrer et filer auprès de ma mère. Car ma place n’est pas ici. Mais il n’est personne au monde, pas même les rois, seigneurs ou princesses, qui pourraient secourir notre France bien-aimée. Personne sauf celle qui vous parle. C’est le Roi du Ciel qui désire qu’il en soit ainsi. Connaissez-vous la prophétie ? On a prédit qu’une pucelle de Lorraine sauvera la France. La connaissez-vous ? Non, je la ne connais pas. Allons-nous attaquer ? Elle se battra avec son père. Elle dit la vérité. Jeannette! Viens, rentrons. Et elle couronnera notre roi ! Dans cette robe rouge ? Je savais bien que je n’arriverais pas à parler. Et pourtant, année après année, on m’a dit que je devais y aller. Je dois sauver Orléans et bouter les Anglais hors de France. Tes parents sont au courant, Jeannette ? Non, je ne l’ai dit à personne. On ne m’a pas demandé de garder le silence. Mais mon père m’aurait interdit d’y aller. Que devons-nous faire ? Vous devez rentrer, mon oncle, mais je dois rester jusqu’à ce qu’on m’écoute enfin. Tu dois rester ? Oui, je le dois. Je resterai devant cette porte jusqu’à ce qu’il passe. Et si je n’ai d’endroit où aller, je dormirai dans les champs. Ce qu’on m’ordonne de faire, je le fais. Laisse-la avec moi, Durand. Je m’occuperai d’elle. Et si je rencontre ton père ? Devez-vous lui dire que vous m’avez emmenée ici ? Tu es en sécurité ici et je peux t’y laisser, mais Jeux Mais quoi, mon oncle ? Ça ne me dit rien qui vaille, je ne dirai donc rien. Encore toi ? Messire Robert ne veut pas te voir. Rentrez chez toi et ne reviens pas demain. La voilà qui vient. Pardonnez-moi, êtes-vous la pucelle ? Je suis Jeanne, fille de Jacques d’Arc. On a entendu parler de vous à Ligny, on voulait vous voir. Pour vous dire qu’on croit en vous et qu’on a prié pour vous. On a fait dire une messe pour vous dimanche dernier. Merci. Je sais que vos prières m’aideront. On a encore fermé les portes devant moi. Mère. Je suis venue te chercher, Jeannette. Tu dois rentrer, Jeannette. C’était un mauvais rêve, et il n’y a pas eu de mal. Et quand il disparaîtra, tout sera oublié. Mais rentre. Je n’ai jamais voulu vous peiner. Je vous aime plus que tout au monde. Mais eussé-je cent pères et cent mères, que je ne pourrais pas revenir. Je dois aller de l’avant. Où, Jeannette ? Où iras-tu ? Où est la fille ? Messire Robert ! C’est elle. Il y a quinze jours, vous m’avez parlé d’une bataille. Je viens de recevoir des messages. On s’est battu ce jour-là et le Dauphin a essuyé une défaite. Comment l’avez-vous appris ? Seriez-vous une sorcière ? Vous savez bien que non. Justement, nous ne savons pas. Père Fourrier, interrogez-la. Si vous êtes une envoyée de Satan, retirez-vous. Si vous êtes une envoyée de Dieu, approchez. Bénissez-moi, mon Père. Je demande que le mal s’éloigne de moi et que ce qui reste de bon nous aide à sauver la France. Ce n’est pas une sorcière, Messire. Quoi qu’elle vous ait dit, le diable n’avait aucune part. Merci, mon Père. Voulez-vous toujours joindre le Dauphin ? Mon Seigneur me l’a ordonné. Ces deux chevaliers désirent vous accompagner et vous escorteront. Pareille équipée me semble folle. Mais ils pensent que vous pouvez aider le pays. Et si cela est possible, je ne veux pas faire obstacle. Alors, tout se réalisera. Au revoir, mon enfant. Avant de vous entendre parler, je vivais comme dans un rêve. Je ne savais où aller ni quoi faire de ma vie. Et en vous entendant, c’est comme si je savais. Je veux être votre compagnon. Merci. Vous êtes le premier. Et je veux bien être le second. Quand partons-nous ? Aujourd’hui plutôt que demain ou après-demain. Le Dauphin est à Chinon. C’est loin en territoire ennemi. Alors préparez-vous à un voyage hivernal dangereux et pénible. Je veux des vêtements de garçon. Je m’habillerai comme un homme. C’est mal et je l’ai toujours su. Non, mère. Je suis née pour ça. Vous avez fini ? On t’a apporté un cheval. J’ai fini. Quel bien beau jeune homme. J’ai annoncé votre arrivée au chef militaire du Dauphin. Jeanne, savez-vous monter à cheval ? D’ici à Chinon, j’aurai appris. Assurez-vous de voyager de nuit. Car vous serez signalés et l’ennemi vous guettera. Je ne les crains pas. Pas d’épée. Tenez. Prenez la mienne. Une mère porte des enfants et croit bien les connaître, mais elle ne les connaît pas du tout. Partez, maintenant. Protégez-la. Vous aurez des rivières gelées à traverser. Allez à Notre-Dame du Puy et priez pour nous. Merci. Partez, fille de Lorraine, je n’attends que peu de vous. Mais partez. Et advienne que pourra. Qui êtes-vous ? De simples voyageurs, mon ami. C’est tout. Et vous ? Je suis le Sénéchal de Clairvaux. Nous sommes d’honnêtes gens. Peut-être, mais je dois vous regarder. Êtes-vous un jeune homme ? Je vous explique maintenant pourquoi nous vous attendions. Dites-le-nous et laissez-nous partir. Des soldats bourguignons sont en ville. Ils guettent la fille de Lorraine. Celle qui vient pour aider le Dauphin. Si elle se trouve parmi vous, Contournez notre village. Merci. Mais cela ne nous concerne pas. Ma femme vous envoie des vivres. C’est tout ce que nous pouvons faire. Merci encore. J’aimerais les remettre moi-même au jeune homme. Si vous êtes la Pucelle de Lorraine, et je ne l’affirme pas, j’ai un message de la part des habitants de Clairvaux. Le voici : « Que Dieu vous accompagne. « Qu’il vous accompagne, sauve la France et nous avec. » Nous pouvons rentrer, maintenant. Nous l’avons vue et l’avons avertie. Les tours de Chinon. Nous sommes arrivés sains et saufs. Jean, Bertrand, cela en valait la peine. Et je verrai mon Dauphin. Avez-vous l’or, La Trémoille ? L’or ? Non, je ne l’ai pas. Inclinez-vous en ma présence, duc. Votre attitude est incorrecte. Vous me devez de l’argent. De l’argent ? Et on dit que vous songez à abandonner votre royaume. Vous nous quittez. Vous désertez. Si je vous prêtais couronnes, vous disparaîtriez avec mon or ! Pas seulement celui-là, mais ce que vous me devez déjà. Prêtez-m’en mille, alors. C’est plus sûr. Ça ne me mènera pas très loin. Il me faut votre signature.