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de nouvelles idées au jardin. Pourquoi ? Je me suis laissé convaincre d’élargir mes horizons. Ont-elles été mises à l’épreuve ? J’estime qu’elles sont appropriées. Appropriées ? L’an dernier, la fête costumée des nymphes et des bergers n’avait rien de drôle. Visages hagards et perruques blondes. Nous avions l’air anciens. Je veux une fenêtre sur la perfection qui montrera aux gens le meilleur d’eux-mêmes. Nous sommes trop vieux pour rigoler. Le travail sera original, mais équilibré. J’en prends la responsabilité. Oui. Comme il se doit. André. Je ne vous avais pas vu dans l’obscurité. Avez-vous aimé votre soirée ? Autant que vous, je suppose. Vous étiez avec cette femme. Éloignez-vous ! Vous êtes imprudente, madame. Saviez-vous que mon mari et le marquis sont amants ? Ça ne nous a pas empêchés d’avoir des enfants qu’il adore. Au combat, il est très brave. Et il a bon cœur. Je suis heureuse de mon choix. Il y a autre chose, en campagne : la fange. On en trouve partout. Ainsi que des bêtes qui en ajoutent. La campagne est pleine de fange. Je me sens parfois vaincu par les extrêmes de la vie. Quand je viens à un tel endroit, graduellement, le courage renaît en moi et je me sens revigoré. Avez-vous souvent cette impression ? De plus en plus, avec les années. Votre femme ne vous accompagne-t-elle pas ? Enfin, voyage-t-elle avec vous à d’autres moments que celui-ci ? Vous êtes très directe, madame. Nous avons une entente. Je me sens déloyal d’en parler. Êtes-vous mariée ? Non. Mon mari est mort. J’en suis désolé. Vous avez dit que j’étais imprudente, mais être imprudent, c’est négliger la sécurité. Je crois plutôt que c’est la sécurité qui m’a négligée. Qu’y a-t-il ? Rien. C’est… J’aimerais continuer notre promenade. Bien sûr. Venez. J’ai quelque chose à vous montrer. C’est un reliquaire. La reine est morte. Si gentille. Si rapide. Vous êtes-vous amusé au pique-nique, André ? Je suppose, madame, que vous n’êtes pas au courant ? Au courant de quoi ? Que s’est-il passé ? La reine est morte, madame. La reine ? Elle est morte. Le roi pourrait se remarier ? Mais pas avec votre amie la marquise, je crois. Je plains Montespan. Soyez prudente, madame. Chargez davantage le chariot ! Non, l’autre. Je veux le bois séché. Séché. Passez-le-moi. Madame de Barra. Maître. Le travail avance. J’ai un nouveau contremaître. Monsieur Duras. Il a fallu drainer le sol sous la fontaine. Il est gorgé d’eau. C’est un problème répandu dans les jardins. Merci. Oubliez-vous parfois de manger ? C’est du pâté de madame de la Tour. Ses canards sont nourris aux algues. C’était ce que lui permettait son budget. Faire de nécessité vertu. Qu’est-ce qui vous amuse ? Une Irlandaise est morte et son mari a fait graver sur sa tombe : « Ci-gît Eleanor Fitzgerald. « Ses vertus surpassaient ses défauts. » C’était noble de sa part. Croyez-vous qu’il lui a montré avant sa mort ? Je lui aurais enfoncé une flèche dans l’œil. C’était peut-être la vérité. Comment va le roi ? Il est sous le choc, je crois. Pauvre petite Espagnole. Sa tête tranchée, ses organes étalés. Ses amis, ses servantes, tout le monde, doit se réunir autour de la table. Pourquoi lui couper la tête ? Pour découvrir de quoi elle est morte. Vous devrez aller aux funérailles, j’imagine ? Je devrais partir. C’est moi, monsieur le roi. Vous permettez ? Entrez, mon frère. Si le roi ne mange pas, la France ne mange pas. Je vais nourrir la France, et vous devez l’accepter. Je n’ai pas faim. J’ai des gelées à la rose. En avez-vous au citron ? Je souhaite aller à Marly. Et je souhaite être seul. Essaie de ne pas plier le haut. Mes beautés. Monsieur de la Quintinie ? Madame Sabine de Barra. Ravie de vous rencontrer. Je viens de la part de l’Office de construction de Versailles vous commander des buissons dont nous avons besoin. J’ai apporté différentes vivaces. Nous pourrions faire un échange. C’est un rosier des quatre saisons ? Oui, je crois. C’est divin. La couleur est belle également. Vous dites que vous avez différentes plantes ? Je les ai mises sur un petit chariot pour que quelqu’un les apporte ici, mais je n’ai vu personne. Je voulais être seul. Mon personnel est parti. Si vous voulez être seul, je peux revenir. Non, non. Votre compagnie me convient parfaitement. Rien ne me conviendrait mieux à moi, le jardinier du roi, que d’écouter quelques conseils sur les vivaces. Permettez-moi de vous aider, madame. C’est gentil à vous, monsieur. Vous vous consacrez aux poires, maître. Je les aime bien, mais pas tant que ça. Je crois que vous vous moquez de moi. Me moquer ? Je connais votre livre sur les poires. Mon livre sur les poires ? C’est vrai, j’ai écrit un livre sur les poires. J’y mentionnais que je les aime beaucoup. Je crois que oui, en effet. Ainsi que les vivaces. Aimez-vous les fleurs, maître ? Madame de Barra, j’aime passionnément toutes les fleurs. Mais je ne peux pas en mettre autant que je voudrais à Versailles, à cause de maître Le Nôtre. Il me permet quelques parterres. J’espérais le convertir, après notre déménagement. Cependant… Vous avez compris qui je suis, madame. Pourrions-nous ignorer cela et continuer comme avant ? Aujourd’hui, je suis monsieur de la Quintinie. D’accord. Vous l’êtes. Le déménagement à Versailles vous fait-il du bien ? Beaucoup. C’est bon pour les enfants de quitter la ville. Je sais que tout le monde est ébranlé. Je craignais que les ouvriers ne partent jamais à moins que j’emménage. Connaissez-vous les ouvriers, madame de Barra ? Je travaille à l’aménagement de vos jardins à Versailles. Que faites-vous au juste ? Le bosquet des Rocailles. Oui, je connais. Ce n’est pas entièrement mon œuvre. Maître Le Nôtre a pris un simple croquis à moi et en a fait un plan remarquable, alors… Vous voyez ma réticence. Admirez-vous le maître, madame ? C’est la personne la plus complète que je connaisse. Vous me faites souhaiter que quelqu’un me décrive ainsi. Ce sont vos fleurs ? Ma femme est morte récemment. Le saviez-vous ? Oui, sire. Je me souviens du jour de votre mariage. J’espère bien, il a coûté cher. Même si son père en a payé une bonne partie. Il avait l’esprit égaré, béni soit-il. Une longue lignée, ce n’est jamais bon. C’était une innocente, à vrai dire. Mais elle était gentille. Et elle m’était dévouée. J’ai trouvé ceci, après sa mort. C’est un compte rendu de notre vie. Elle écrivait comme une enfant. Voyez-vous ça ? « Aujourd’hui, j’ai conservé une fleur de Sa Majesté. » Et puis, l’heure et l’endroit. La vie secrète de cette petite femme. J’en ressens la perte. J’aimerais me remarier. Cette fois, à une femme choisie par moi, pas par l’État. Votre Majesté a-t-elle quelqu’un en tête ? Oui, mais elle est très pieuse. Le soir, je vais à sa chambre et nous discutons. J’aime que nous soyons à l’aise ensemble. À l’aise. Malheureusement, elle n’est pas noble, alors vous voyez, je suis dans une impasse. Si vous épousiez la femme de votre choix, faudrait-il que tous soient au courant ? Si c’était une cérémonie privée, seulement pour le couple, qui pourrait s’y opposer ? Les gens seraient sots de s’insurger devant le fait accompli. C’est vrai. Il y a tant à prendre en considération. Et vous, madame de Barra ?